Bénédicte voulait être prof de biologie, elle est devenue clown à l’hôpital… ce n’était pourtant pas son premier amour de théâtre. Elle préférait le théâtre de rue. Elle n’envisage plus de faire autre chose : l’émotion est une chose trop précieuse.
Sa première journée à l’hôpital, il y a 2 ans, Bénédicte s’en souvient très bien : elle observait les clowns et elle s’est dite : « ça va être dur ! Comment font-ils pour que ça glisse comme ça toute la journée ? ». Paradoxalement, à la fin du premier jour de jeu, elle constate que « ça s’est bien passé ! ». Et se rend compte qu’elle « connaissai[t] l’improvisation, le fait de jouer dans un univers pas destiné à ça et [que] jouer en duo, c’est plus facile ».
L’improvisation, elle l’a apprise en fac de théâtre et à l’école du Samovar et, surtout, dans la rue ; elle a créé ou participé à plusieurs compagnies de théâtre de rue, qui la passionne à l’époque bien plus que le clown. Mais des rencontres successives avec des comédiens du Rire Médecin l’incitent à faire des stages. Elle n’ose pas encore passer l’audition pour entrer dans l’association mais tente sa chance à l’Institut de Formation du Rire Médecin et est acceptée dans la première promotion de cette école pas comme les autres.
A la sortie, tout va très vite. Elle part à Haïti avec Clowns Sans Frontières, se risque enfin à passer l’audition pour Le Rire Médecin. Avec succès. Et de conclure : « devenir clown à l’hôpital était naturel. Ça ne m’a pas fait violence. Je n’ai rien provoqué, c’est arrivé parce que j’étais prête. » Son regard est néanmoins original : « dans le personnage du clown, ce n’est pas la rigolade qui m’a intéressée, ce sont les faiblesses que je trouvais belles. ». Crickett, son personnage, se voudrait une grande sportive comme en attestent sa jupe de pom pom girl, ses baskets d’acrobate et… sa ceinture de super héros. Très physique, très enthousiaste, elle est toujours partante pour tout. Assez chipie mais jamais rancunière, « sa colère s’élimine vite ».
Dans le personnage du clown, ce n’est pas la rigolade qui m’a intéressée, ce sont les faiblesses que je trouvais belles
Entre Crickett et Bénédicte, l’histoire est suffisamment récente pour qu’elles explorent encore des nouvelles pistes de jeu. S’il lui semble difficile de se renouveler, se régénérer et continuer à évoluer, Bénédicte constate que, déjà, son regard sur la vie a changé : elle assume désormais sa sensibilité, sans plus chercher à se battre contre elle ; elle ressent un plus grand espoir dans le soin ; n’a plus ce sentiment d’urgence gratuite. Elle se fait plus confiance. Pour elle, « un clown à l’hôpital, c’est une étoile filante : quelque chose qui vient, brille un instant et quelque fois laisse un écho. » Peut-on rêver mieux ?
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Dr Dominique Valteau-Couanet
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