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David est stagiaire à l'Institut de Formation du Rire Médecin. Au cours de son cursus, sa première rencontre avec un bébé a changé quelque chose en lui...

Un bébé ? Ca m’a toujours impressionné ! Ca ne parle pas, ça bave, ça ne sait pas parler et surtout ça ne fait que pleurer !
Ca, c’est ce que je pensais avant.

davidJ’ai toujours eu une crainte à m’approcher d’eux. Peur de leur faire mal ; ne sachant pas les porter et surtout ne sachant pas “communiquer” avec. Mais étrangement, ce sentiment s’est estompé depuis cet atelier avec Marianne, comédienne clown depuis de nombreuses années au Rire Médecin. Et depuis les interventions à l’hôpital (observation des duos de clowns expérimentés et jeu en trio). Je me sens plus serein et m’adonne volontiers à babiller avec eux… même dans le métro !

C’est une relation beaucoup plus simple que je ne m’imaginais. On a rien à faire ; rien à jouer, ni à prouver, seulement “ETRE” ; ETRE présent et, avec le bébé. C’est lui qui mène la barque.

Emir*, petit prince du Maghreb, est à peine âgé de quelques mois. Il est avec maman en réanimation à Necker. Les clowns Baltazar et Albert Pink, alias Ami et Marc dans la vraie vie, m’accompagnent. Sur le seuil de la porte, Baltazar me fait un petit signe de tête et m’incite à m’approcher de l’enfant. J’ai l’impression d’être à l’église… Semblable au rituel du bénitier, j’applique trois jets de lotion antibactérienne avant d’entrer d’un pas vacillant. C’est un lieu sacré, où je ne peux pas mentir, où je ne peux pas me cacher derrière un savoir faire. C’est un lieu où je me dois d’être sincère.

HUMILITE est le mot qui m’envahit. Le maitre-mot !

Mes doigts tremblent. Puis, tant pis, je commence une berceuse… Je la chante de tout mon coeur, avec toute ma bienveillance. Je la lui chante doucement, comme un murmure pour ne pas l’affoler. Mais Emir pleure. Le scope s’emballe. Je m’inquiète… Je regarde Baltazar, qui m’encourage à continuer. Ce dernier m’accompagne en mineur. Emir se calme… Nous finissons la berceuse et sortons en lui envoyant des baisers. J’ai discuté plus tard avec Ami, sur la réaction de ce bébé. Pourquoi a-t-il pleuré ? Il m’a répondu qu'Emir avait surement besoin de temps pour s’accommoder à ce nouvel instant… Mais je m’interroge toujours… Ai-je été assez en contact avec lui ? Ai-je été trop dans la musique et pas assez en interaction ? Lui ai-je donné assez de place pour s’exprimer ? Je ne sais pas… J’ai un étrange sentiment d’imposture. Malgré le fait que la guitare soit un support de jeu merveilleux, je m’aperçois que cet outil peut aussi nous desservir, car, il est parfois trop facile de se cacher derrière. Je me sens finalement un peu frustré et déçu.

Néanmoins, je me souviens de certains conseils de Marianne : jouer lentement, attendre la réponse de l’enfant, ne pas hésiter à monter le timbre de voix dans les aigus et faire des mimiques… La prochaine fois, je ferai mieux !! La prochaine fois, je jouerai surement sans instrument.

 

*Le prénom a été changé

 

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