Souffrez-vous de coulrophobie ? Ce mot étrange désigne la phobie des clowns, dont beaucoup disent souffrir. Si notre imaginaire de grande personne est peuplé de clowns maléfiques tout droit sortis de films d’épouvante, certains enfants partagent cette peur, sans avoir été confrontés à ces fictions.
Le maquillage est souvent à l’origine de la peur de l’enfant. Il peut arriver qu’on ne distingue plus la personne qui incarne le clown derrière son fard. Pour les plus petits qui construisent leur identité en miroir, cette apparence excessive peut perturber leur système d’identification. L’enfant perçoit bien que derrière le maquillage, il y a quelqu'un. Mais qui ?
Alors qu’il cherche à s'unifier, se voir confronté à de telles ambiguïtés peut être déstabilisant ! Autre source de frayeur : l’accentuation outrancière des traits. Un sourire dessiné avec un maquillage exacerbé semble figé. Or, la première source de réassurance à cet âge est le visage des parents, avec un regard et une bouche animés par des émotions. Ce sourire qui n’en n’est pas un peut provoquer une grande peur.
Au Rire Médecin, nos comédiens connaissent ce problème et atténuent leur maquillage pour ne pas heurter la sensibilité des enfants. Après tout, le nez rouge témoigne déjà à lui seul de leur fantaisie et leur scène n’est pas un chapiteau ! Pourtant, chez quelques petits, la peur est encore présente lors de la rencontre. C’est ailleurs que dans la tenue, la posture ou le maquillage, que réside alors l’appréhension de certains enfants.
A l’hôpital, un enfant est vulnérable et doit se soumettre aux adultes pour guérir.
Soignants comme parents incarnent ce monde d’adultes qui prennent des décisions difficiles, sources d’angoisse ou de souffrance. Le clown, aussi léger soit son maquillage, est d’abord associé, par sa taille, à un nouvel adulte qui peut aussi imposer des règles.
Il faut aux comédiens beaucoup de patience pour atténuer cette impression première et faire comprendre à l’enfant que c’est à lui d’édicter les règles du jeu. A cet égard, l’importance de l’intervention en duo, règle d’or du Rire Médecin, est capitale. Chaque clown peut se reposer sur son partenaire pour improviser une saynète, sans imposer de jeu à l’enfant qui redevient spectateur réjoui. Au fur et à mesure l’enfant est placé en position dominante. C’est lui qui peut harmoniser le spectacle des clowns et décider de ce qu’il leur fera subir. Il redevient metteur en scène de sa vie.
Ce tour rend à l’enfant sa puissance et a raison de sa peur. Bien souvent dès la seconde visite, ceux qui étaient apeurés sont les premiers à houspiller nos drôles de zigotos et à clamer « Même pas peur ! ». Une bonne leçon au drôle de mot « coulrophobie » …
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