Découvrez le magnifique récit du père de Lucile qui a tenu à adresser ce bouleversant témoignage à l'une de nos comédiennes, Marianne Clarac, alias la clownette Baden Baden.
"Chère Baden Baden,
Parfois la vie vous réserve de difficiles expériences, de difficiles moments à vivre. On cherche toujours à savoir pourquoi, quelle est la raison. Je n’aurai jamais la réponse mais tout ce que je sais, c’est que j’ai rencontré de merveilleuses personnes et vous en faites partie.
Le 24 février 2014, ma vie a basculé, mon ex-femme m’avisait que notre fille Lucile venait d’être victime d’un accident vasculaire cérébral et était héliportée à l’hôpital du Kremlin Bicêtre. Policier, j’ai vécu de nombreuses interventions dans des situations difficiles où on côtoie souvent la mort, mais je n’étais pas du tout préparé à ce que j’allais vivre et ressentir.
Lucile était entre la vie et la mort, les jours et nuits se sont enchaînés, la vie s’est arrêtée et le temps passait à une vitesse folle. Au petit matin, alors que nous étions dans la nuit vous êtes apparue avec Madame Fil (si ma mémoire ne flanche pas), vous chantiez dans les couloirs du service de réanimation pédiatrique, puis entonniez à chaque chambre une chanson. Je me souviens du premier regard que nous nous sommes échangés, j’ai voulu vous dire que Lucile n’entendrait pas et qu’elle était dans le coma, qu’elle avait besoin de repos et calme... mais votre sourire et votre bonne humeur m’ont envahi et vous êtes finalement entrées.
Vous vous êtes approchées de Lucile et vous avez chanté sans faire attention une chanson de Stromae « Papaoutai » sa chanson préférée. Vous nous avez réchauffé le coeur et donné des forces. Par la suite, Lucile s’est réveillée et elle guettait sans cesse votre passage, demandant « les clowns » ; c’était un pur bonheur de la voir entendre le premier son de guitare et attendre votre passage. Le sourire sur son visage qui était auparavant paralysé nous redonnait espoir et réconfort.
Vous avez suivi Lucile et vous lui avez redonné ce sourire, elle pense souvent à vous et garde votre photo près d’elle dans un album photographique que nous lui avons fait. A chaque fois qu’elle revient à l’hôpital pour son suivi, elle nous demande si vous serez là.... c’est une bouffée d’oxygène pour elle et de ce fait, elle ne pense plus aux examens qu’elle va devoir faire.
Je vous avais promis de vous écrire; vous resterez dans mon coeur à vie car du haut de mes 42 ans je reste un enfant et suis trés attaché au métier que vous faites. S’il est facile de faire pleurer, faire rire est difficile, il faut avoir le coeur et l’esprit et donner de l’amour ; la seule façon de voir si cet amour est sincère, s’il est pur, c’est de regarder les enfants rire et sourire.
Lucile reviendra à l’hôpital Bicêtre fin août 2014 pour y subir des examens et préparer son intervention chirurgicale qui aura lieu au CHU de Lille en fin d’année. En centre de rééducation, nous envisageons désormais de lui faire reprendre l’école en alternance. Elle a retrouvé la totalité de sa motricité, aucune séquelle au niveau du cerveau, seule la fatigue persiste, des petits soucis de mémoire et un champ de vision restreint à l’oeil droit. C’est un miracle de la vie et ça... ça n’a pas de prix.
Alors merci, pour Lucile, vous lui avez donné tant de bonheur et de joie de vivre. Cette joie de vivre est utile et nécessaire au rétablissement des enfants malades. Mais également merci pour moi, qui étais au fond du trou et qui attendais également votre passage pour voir ma fille rire, voir ses yeux qui pétiller.
Je ne cesserai de penser à vous, je voulais saluer votre travail qui, pour certains, semble utopique, illusoire. Ces gens ne savent pas que le rire est source de vitalité et est nécessaire à la guérison.
Je vous embrasse tendrement et vous souhaite tout le bonheur du monde.
Le papa de Lucile"
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