Ce danseur de claquettes ne se voyait pas clown. Rattrapé par le burlesque, il a d’abord eu peur de mal faire. Aujourd’hui il fait avec ces parts de « on ne sait pas » et de « on va tenter » qui font de son métier un challenge si passionnant.
A 10 ans, Bernard rêve d’être clown. Et l’oublie vite. Il pratique la batterie et la danse, devient naturellement professionnel des claquettes. Mais son penchant pour le comique refait surface : dans ses numéros, le burlesque prend le pas sur les claquettes.
Plus attiré par les personnages d’inspiration clownesque que par le nez rouge, il fait toutefois l’école de clown du Samovar. Et travaille son personnage pendant 15 ans. Lors d’un stage, des comédiens du Rire Médecin lui font entrevoir la richesse de leur métier. Or, avec la maturité, il souhaite « aider davantage les autres, faire preuve de générosité ». 2008, audition : il entre au Rire Médecin ; et révélation : l’humanité du métier d’hôpiclown le comble.
Tétanisé le premier jour, il trouve vite sa place dans ce milieu difficile, souvent douloureux, qu’est l’hôpital. Et vit son métier comme une histoire d’amour : « pendant 3 ans, c’est la fête ! » Après l’exaltation de la découverte vient le temps de l’expérience, qui permet d’aller plus loin : « c’est un métier où il faut prendre des risques ; avec le temps, on sait mieux où et quand risquer ».
C’est un métier où il faut prendre des risques ; avec le temps, on sait mieux où et quand risque.
Bardé de son accent du Sud-Ouest — héritage d’une adolescence toulousaine — et de sa chemise à fleurs, Dédé apporte de la gaieté, mais pas seulement : « on amène de la délicatesse, on donne la place à la sensibilité, la douceur. On n’est pas là pour pleurer avec les gens. Nous, on doit les emmener ailleurs. » Dédé est généreux, sensible, touchant. Et borné. Très simple, volontiers simpliste. Il trouve toujours des solutions à tout… sauf à son célibat : il est vrai qu’il demande d’emblée si on veut l’épouser. Ce séducteur à l’emporte-pièce cache sa timidité : « il roule des mécaniques mais perd vite les boulons… » Ses blagues sont nulles ? Il ne s’en rend pas compte.
Quant à Bernard, il sait que, parfois, la posture adéquate n’est pas forcément clownesque, comme avec cette maman qui vient de perdre sa petite fille et qu’il prend juste dans ses bras. « Parce qu’être un peu décalé, ça aide à certaines choses. » Cela permet aussi « de grandes victoires dont on ne se rend pas toujours compte : un enfant, un traitement et puis l’enfant qui revient un an après et les parents qui disent ‘’heureusement que vous étiez là, on ne sait pas comment on s’en serait sorti sans craquer’’ ». Et Bernard de résumer : « clown à l’hôpital, c’est comme le Père Noël : on arrive pour donner des moments de bonheur. »
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